De la graine au bouquet : l’art floral selon Estelle

Chez Estelle, l’art des fleurs ne s’arrête pas au bouquet. À la fois fleuriste et floricultrice, elle revendique l’envie de travailler autrement : du semis ou du bulbe jusqu’à la composition finale. Une manière de rester fidèle à ses convictions et de défendre une filière plus écoresponsable. C’est à l’Essor maraîcher à Gaillac qu’elle s’est installée pour lancer son activité. Rencontre avec la créatrice de La Nuée, parmi les zinnias, cosmos et dahlias qui colorent ses parcelles.

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L’Essor Maraîcher, un tremplin pour mieux se lancer

Deux ans après son retour dans le Tarn, Estelle intègre en mai 2024 l’Essor Maraîcher, espace-test agricole à Gaillac, pour y façonner son projet de ferme florale en Agriculture Biologique. Ce terrain d’expérimentation lui permet de consolider son savoir-faire et de trouver le modèle qui lui correspond vraiment : « J’y vais petit à petit, j’ai envie de trouver mon propre rythme », confie-t-elle, lucide sur les exigences d’une telle filière. « L’idée n’est pas de me briser physiquement ou psychologiquement dès le début ! ». À l’image de ses fleurs, Estelle avance pas à pas : “Ça passe vite ! On est des petits poussins, comme dans une couveuse”, confie-t-elle avec humour, tout en soulignant le côté rassurant de l’accompagnement et la bienveillance de l’équipe de l’Essor.

Un parcours artistique et floral

Si Estelle est aujourd’hui entourée de ses fleurs, son chemin a d’abord pris bien des détours, de Lille à Paris en passant par Bruxelles. Après un DUT en info-com, elle s’installe en Belgique et intègre une école d’art, avant de réaliser qu’elle ne se voyait pas “travailler dans le graphisme”. Manuelle et créative, Estelle cherche alors une voie plus concrète, mais tout aussi artistique.

C’est autour des fleurs qu’elle trouve cette évidence. À Bruxelles, elle explore ce nouvel univers, puis poursuit sa route jusqu’à l’École des fleuristes de Paris. Là, elle rencontre ses mentors, Mathilde et Audrey, auprès desquelles elle travaillera et apprendra pendant cinq ans. Au sein de la boutique Désiré, première boutique parisienne engagée pour les fleurs françaises et pionnière d’une fleuristerie écoresponsable, Estelle devient la première salariée. Elle y perfectionne ses compétences : gestion quotidienne, formation des nouveaux arrivants, créations florales uniques, jusqu’aux commandes de mariage. Une véritable école de responsabilité et de savoir-faire.

De la fleuristerie à la floriculture

De la fleuristerie à la floriculture, il y a plus qu’un pas… et Estelle l’a franchi. À Paris, au Carreau des producteurs, un espace dédié à la vente directe de produits locaux pour rapprocher ceux qui cultivent de ceux qui achètent, elle découvre un nouvel univers. Peu à peu, l’envie de produire elle-même se fait sentir. Estelle a alors le déclic : “J’avais la sensation que je ne serais pas complète si je n’allais pas au bout du processus, en travaillant le produit de A à Z.” Un long cheminement professionnel qui l’a menée là où elle est aujourd’hui : “les choses qui durent, prennent du temps”, murmure Estelle avec sagesse.

Attirée par le modèle de la vente en direct, Estelle s’efforce de “limiter les intermédiaires : “ C’est le goal ! ”. Elle propose ainsi des fleurs locales et de qualité : “90 % des fleurs vendues en France viennent de l’étranger !” rappelle-t-elle.

Avec La Nuée, son aventure paysanne, Estelle s’ancre sur le territoire comme dans le temps long des saisons, et voit éclore de belles rencontres autour de la fleur coupée. Il lui arrive de vendre ses fleurs à des fleuristes pour des mariages, mais aussi de s’appuyer sur le réseau de floricultrices présentes autour d’elle : “Il y a une vraie entraide sur le territoire.” Une solidarité précieuse dans cette production de niche : “J’ai que deux bras, deux jambes et un cerveau !” plaisante Estelle.

Zinnias, tournesols ornementaux, cosmos, dahlias… Si Estelle prend son temps, elle ne le perd pas : ses fleurs, issues de la bouture ou du semis, se retrouvent au marché du Capitole à Toulouse, premier marché bio de France, et jusque dans une épicerie à Albi.

Après son passage à l’Essor, Estelle rêve désormais d’ouvrir son propre atelier : un cocon chaleureux où ses bouquets prendront vie, entre créativité, partage et authenticité.

Retrouvez Estelle autour d’ateliers botaniques à l’occasion de la Matinée gourmande à l’Essor Maraîcher le dimanche 14 septembre de 9h30 à 13h!