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Dans son atelier baigné de lumière, installé au cœur d’un ancien château aux briques patinées par le temps, Sylvie façonne la poudre de métal comme d’autres pétrissent la terre. Bijoutière joaillière, elle s’est spécialisée dans un savoir-faire rare et délicat : la pâte de métal.
Publié le 2 juillet 2025
Peu d’artisans s’y aventurent, tant cette technique est exigeante, minutieuse et demande un long apprentissage. Inventée au Japon dans les années 1990, elle repose sur l’utilisation de poudres de métal recyclé (argent, bronze, cuivre et même or), mêlées à un liant organique non toxique. Une méthode “moderne et responsable” avec laquelle Sylvie se sent parfaitement alignée. La pâte obtenue a une texture argileuse, souple et malléable, quelque part entre la pâte à modeler et l’argile terreuse. “Plus c’est fin, plus c’est friable, plus c’est délicat”, explique Sylvie en caressant du bout des doigts sa prochaine création.
Avant d’aboutir à une pièce finie, un long processus est nécessaire, à l’image de la joaillerie traditionnelle, auquel s’ajoutent des contraintes supplémentaires. Après une première cuisson, la matière perd entre 9 et 13 % de sa densité, un retrait qu’il faut anticiper avec précision avant le sertissage, afin que la pierre puisse parfaitement épouser la matière. Face à une matière aussi vivante et fragile, Sylvie s’arme de passion, de patience… et surtout de résilience.
Dès 5 ans, Sylvie entre dans le monde de la danse. Elle en fait son métier pendant plus de vingt ans et dirige une école réputée à Albi. Sur scène comme dans ses bijoux, Sylvie cherche l’harmonie et le mouvement, se laissant porter par la musique que lui souffle la matière. Elle peut partir d’un croquis esquissé à l’avance ou se laisser porter par une inspiration fugace : le sillage délicat d’une feuille, la forme d’un coquillage, le relief d’une pierre… Si la nature est sa première muse, elle ne s’enferme jamais dans un seul style. À l’image d’une danse, elle suit son instinct et explore ses envies, allant des boucles d’oreilles fines aux bijoux aux accents de joaillerie d’antan.
Même loin des planches, Sylvie « continue de transmettre et de créer ». Après avoir arrêté sa carrière en 2011, elle commence par confectionner des poupées en matériaux nobles : bois, pierre, cuir… Mais très vite, elle décide de s’approprier la matière plutôt que de simplement l’assembler : « J’étais à la recherche de légitimité en tant qu’artisane, et je voulais trouver une manière d’honorer les pierres », qui l’ont toujours fascinée.
Ce cheminement marque un véritable tournant : « Une grande partie de ma vie a été rythmée par la danse. Je ne me savais pas manuelle. Découvrir la pâte de bronze et ses infinies possibilités créatives a tout changé », raconte Sylvie.
La seule limite devient alors la technique. En 2019, après trois ans d’exploration de la poudre de métal, Sylvie se forme auprès d’une créatrice reconnue dans le Gers, un pas qui lui a permis de « voir plus loin » et d’approfondir son savoir-faire. Depuis, elle continue d’explorer la matière, transcendant le bijou qu’elle considère comme « bien plus qu’un simple accessoire de mode ». À ses yeux, il s’agit « d’un lien direct entre l’humanité et son histoire », à l’image du bronze qui « depuis la nuit des temps accompagne l’histoire de l’homme ». La présence de Sylvie sur le Village des Créateurs, lors de l’exposition L’Or et le Geste à Montans, le week-end du 19 septembre prochain, s’inscrit donc pleinement dans cette pensée.
Accédez au détail du programme du week-end inaugural de l’exposition l’Or et le Geste au centre archéologique de Montans !
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