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Dans son atelier niché au cœur de la nature, Manon, créatrice de l’atelier O’bois d’Argent, fond l’argent, sertit les pierres, imagine et façonne ses créations. Bijoutière-joaillière inspirée par la faune et la flore, elle conçoit ses pièces comme de petits fragments de nature à porter sur soi. Passer le pas de sa porte, c’est entrer dans un univers où chaque bijou raconte une histoire, un paysage, une émotion.
Publié le 1 août 2025
Du haut de ses 21 ans, Manon compte déjà six années d’expérience. Depuis toujours, elle a les mains occupées : maquettes en papier, petits objets bricolés… « J’étais toujours à construire un truc ! », se souvient-elle. Après un début de parcours en lycée général, elle réalise vite que cette voie ne lui offre pas les perspectives qu’elle espérait. Elle se réoriente alors vers un lycée professionnel, hésitant entre le travail du bois et la joaillerie. C’est finalement la bijouterie qui l’emporte : « Il y a un côté merveilleux et précieux, un bijou ça peut tenir entre deux doigts », dit-elle en mimant de ses mains.
Loin des volumes de l’ébénisterie, le bois est pourtant présent dans ses créations et dans son atelier, où elle a fabriqué elle-même une grande partie de son mobilier. O’bois d’Argent voit le jour alors que Manon est encore étudiante. « J’avais besoin d’exprimer ma créativité propre », confie-t-elle. Dès sa première année de CAP au lycée Clément de Pémille à Graulhet, ses parents lui offrent un établi de bijoutier. Le soir et les week-ends, elle s’y installe, absorbée par la création de ses premières pièces. De fil en aiguille, ses bijoux trouvent preneur et séduisent leurs premiers clients. CAP BMA en poche, Manon savoure l’excitation de se consacrer pleinement à son entreprise.
Entourée par la nature qui l’inspire au quotidien, Manon a fait de son atelier le reflet de son âme artistique. Tout y est chiné, fait maison, pensé avec soin, et l’atmosphère féérique qui s’en dégage invite à la découverte. « J’ai envie de retranscrire la nature sauvage dans mes créations, à travers les motifs et les matières », explique-t-elle.
O’bois d’Argent en est le parfait miroir, réunissant sa passion pour l’assemblage des matériaux. « Je ne souhaites pas me limiter aux matières précieuses de la bijouterie traditionnelle. J’ajoute des éléments naturels, sublimés par l’Argent », précise-t-elle. Loin de se cantonner à la joaillerie, Manon invite la nature jusque dans son atelier : des Kokedama qu’elle réalise avec la mousse glanée en forêt apportent une touche végétale et sublimer ses créations.
Son bois fétiche ? Le bois de cerf, qu’elle trouve souvent tout près de chez elle. Lors de balades avec Tia, leur chien, Manon et son compagnon Tristan tombent parfois sur des ramures perdues lors de la mue des cerfs. « On en trouve un ou deux par an, et avec un seul bois de cerf, je peux réaliser beaucoup de bijoux ! », se réjouit-elle. Déjà reconnue à Castelneau-de-Montmiral, elle accueille avec plaisir les trouvailles que les habitants du village lui rapportent.
Chez Manon, chaque bijou est entièrement façonné à la main, loin de tout simple assemblage. Depuis deux ans, elle participe aux Journées Européennes des Métiers d’Art aux côtés de la Chambre des Métiers, où elle présente au public une mallette dévoilant les étapes de son travail. Tout comence avec la grenaille d’Argent, qui est fondue pour en devenir un lingot, puis laminée pour en être la matière d’oeuvre. Vient ensuite le façonnage du bijou, avec la mise en forme du métal, le sciage, le perçage, le limage, l’assemblage des éléments par brasures, le sertissage des pierres, les finitions et enfin le polissage. Chaque geste a son importance, chaque matériau sa place. Si la pierre est sertie en dernier, elle est pourtant la première à guider l’inspiration : « On s’adapte toujours à la forme de la pierre selon le bijou, il faut être à l’écoute des matériaux », raconte Manon.
À l’écoute des matériaux, mais aussi de ses clients auprès desquels elle puise son inspiration : « Leur créativité nourrit la mienne, et ça donne de belles choses ». Récemment, Manon a réalisé une fibule, une broche pour châle, ornée de cinq pierres et de motifs floraux. Un travail long, précis et minutieux, qui l’a totalement passionnée. « J’aime aussi beaucoup travailler sur des objets utilitaires », sourit-elle.
Passionnée par la matière, le geste et les outils, Manon sait regarder en arrière pour mieux aller de l’avant. Lors d’une visite d’un village gaulois au sein d’un archéosite en Ardèche, elle a pu poser un regard neuf sur son métier déjà si ancien : « On se rend compte qu’on n’a rien inventé dans la technique ! », s’amuse-t-elle. Malgré la modernité, « il y a toujours ce geste de l’homme qui était là il y a très longtemps ».
Dès ses études, Manon était fascinée par le bijou à travers les âges : « c’était un symbole de pouvoir, une marque sociale, des objets sentimentaux pour vénérer les dieux… c’est passionnant », raconte-t-elle. Elle a elle-même travaillé sur un projet profondément symbolique : transformer une gourmette héritée d’un père disparu en parure composée d’un collier et d’une paire de boucles d’oreilles en forme de chêne, en hommage à l’endroit où les cendres avaient été déposées. Une création chargée de sens, qui illustre la capacité de Manon à donner une seconde vie aux bijoux et à les transformer en véritables messagers d’émotion.
Aujourd’hui, c’est dans un esprit tout aussi sensible et créatif qu’elle rejoint le village des créateurs à l’occasion du week-end inaugural de l’exposition L’Or et le geste au Centre Archéologique de Montans. Le public pourra y découvrir ses pièces uniques, plonger dans son univers poétique… et même assister à une petite démonstration de son savoir-faire à l’établi !
Accédez au détail du programme du week-end inaugural de l’exposition l’Or et le Geste au centre archéologique de Montans !
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